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Choisissons la bioéconomie pour construire le monde d’après

 

par Boris Dumange

Directeur Général du pôle Industries et Agro-ressources (IAR), le Pôle de la Bioéconomie

Le 5 mai 2020

 

Notre société est vulnérable. La crise du COVID-19 en révèle violemment les fragilités : nos industries délocalisées nous font cruellement défaut (manque de masques, de matières premières pharmaceutiques, d’équipement médical) ; nos dépendances multiples risquent d’occasionner de graves ruptures dans nos chaînes d’approvisionnement ; nous ne sommes tout simplement pas prêts pour affronter les crises sanitaires et environnementales futures que déclenche de plus en plus souvent l’activité humaine.

Face à ces constats, il est nécessaire de nous poser la question de « l’après » et d’anticiper les défis que nous aurons à relever.

En tant que directeur d’IAR, je suis convaincu que la bioéconomie est une partie de la réponse collective que nous pouvons apporter pour garantir notre indépendance alimentaire, énergétique et industrielle, préserver nos modes de vie sur le long terme en adoptant un modèle durable, et développer nos emplois localement.

Mais, qu’est-ce que la bioéconomie ? Disons, pour faire simple, que la bioéconomie regroupe l’ensemble des activités de productions et de transformation des matières premières agricoles, forestière et aquacole.

Disons, pour faire encore plus simple, qu’elle extrait de la matière vivante toutes les fibres et molécules qui présentent un intérêt pour des applications alimentaires et industrielles.

Biocarburants, plastiques, matériaux composites, colles, peintures, bétons, textiles, emballages alimentaires… La bioéconomie offre des applications concrètes, propres et durables dans de nombreux domaines de notre quotidien : alimentation, énergie, bâtiment, cosmétiques, transports, industrie, chimie… Elle transforme par exemple la betterave en biocarburant, le blé en détergent, le maïs en bioplastique, le lin en un matériau composite aussi résistant que le carbone, le chanvre en béton isolant écologique…

La bioéconomie est également créatrice d’emplois locaux et non délocalisables car ancrés dans nos champs. Les bioraffineries, dans lesquelles sont transformées les matières végétales, sont implantées sur nos territoires, au plus près de nos producteurs, en France et en Europe. A titre d’exemple, la bioraffinerie de Pomacle-Bazancourt (Marne), la plus grande d’Europe, regroupe chercheurs, agriculteurs, industriels ; elle emploie directement plus de 1200 personnes, génère trois à quatre fois plus d’emplois indirects et transforme 4 millions de tonnes de biomasse par an en sucre, glucose, amidon, alcool alimentaire ou pharmaceutique, actifs cosmétiques… utilisés pour des productions industrielles écoresponsables.

Dans un pays agricole comme le nôtre, avec nos terres fertiles, nos ressources naturelles telles que le bois ou les algues, il est possible d’implanter localement de nombreuses bioraffineries performantes, productives et écologiques, et d’augmenter significativement la part de la bioéconomie dans notre écosystème de production.

La bioéconomie est un projet de société qui associe producteurs, industriels, groupes, PME et start-up, universitaires, politiques, citoyens, pour apporter des solutions concrètes et durables de remplacement à des matières premières souvent polluantes, de plus en plus rares et chères. Elle sera d’autant plus vertueuse, que nos pratiques agricoles le seront-elles-aussi, en réduisant leur impact sur l’eau, l’air, les sols et la biodiversité. La bioéconomie est un choix !

Les apôtres de la décroissance opposeront certainement qu’il s’agit toujours d’industries et de réponses aux besoins de consommation croissants d’une population en constante augmentation. Ce n’est pas complètement faux. Mais tant qu’à répondre aux besoins de tous, autant proposer une alimentation, une énergie, des biens de consommation, des habitats, des transports, sains et durables. Et Made in France.

Si nous n’avons pas de pétrole ; nous avons des idées… et des producteurs passionnés et performants, des industriels ouverts à de nouveaux process, des universitaires innovants internationalement reconnus, des entrepreneurs précurseurs et audacieux, des grands groupes solides et investis, des politiques engagés, des citoyens en demande d’alternative économique vertueuse, des matières premières propres et renouvelables… Pour faire de la bioéconomie, l’économie de demain.

 

Une économie durable, collective et responsable.

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