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Panorama de la bioéconomie au Brésil

La croissance démographique prévue pour les années à venir et l’augmentation de la consommation d’eau, de nourriture, d’énergie et de ressources naturelles qui en résulte ont des répercussions sans précédent sur notre écosystème. Les conséquences et les défis causés par la croissance démographique, associés à l’urbanisation croissante, à la surexploitation des ressources naturelles, à la dépendance vis-à-vis des ressources fossiles, aux conséquences de la crise sanitaire et aux incertitudes liées au changement climatique à l’échelle mondiale nécessitent la recherche d’un changement de paradigme pour le développement économique mondial (BNDES, 2018).

Un nouveau modèle économique

Intégré aux objectifs de durabilité mondiaux et aux objectifs d’atténuation du changement climatique, le nouveau modèle économique doit garantir de manière sûre et plus durable la production et la consommation de nourriture, d’eau et d’énergie ; et promouvoir le développement de procédés industriels ayant un impact environnemental moindre, basés sur des innovations technologiques qui reposent sur la biotechnologie. Ainsi, la bioéconomie apparaît comme une réponse prometteuse à la demande actuelle, basée sur l’utilisation rationnelle de la biodiversité. Elle est de plus en plus considérée comme une stratégie politique et économique pour un développement plus durable et viable.

Une envergure mondiale

L’Union Européenne gagne en importance dans la bioéconomie mondiale, mobilisant plus de 2000 milliards d’euros et générant plus de 20 millions d’emplois. Sur ce marché, le secteur alimentaire est l’activité économique avec la plus grande participation, représentant environ 44%. En outre, les activités liées à la bioéconomie représentent environ 14% du PIB de l’UE, selon l’OCDE – Organisation de Coopération et de Développement Economiques. Au Brésil, selon le ministère de la science, de la technologie et de l’innovation, la bioéconomie émerge grâce à des innovations technologiques basées sur les sciences biologiques, permettant le développement de produits, de procédés et de services plus durables.

La bioéconomie au Brésil

Les premières pratiques de la bioéconomie au Brésil remontent aux les années 1980, et ont abouti à la création du Fonds sectoriel de biotechnologie, qui alloue des ressources financières pour encourager le développement scientifique et technologique brésilien basé sur la formation et la qualification des ressources humaines, visant à élargir les connaissances nationales (FINEP, 2002). Depuis 2004, la biotechnologie a été placée comme un domaine stratégique pour le développement économique national, dans le cadre de plusieurs politiques (DIAS et al., 2016).

Une étude réalisée en 2011 par le Centre Brésilien d’Analyse et de Planification (Cebrap) en partenariat avec l’Association Brésilienne de Biotechnologie (BrBiotec), le Parc Technologique de Rio de Janeiro (Fondaton BIO-RIO) et l’Agence Brésilienne pour la promotion d’investissements (Apex-Brasil) a donné lieu à la Carte Biotech du Brésil 2011, une cartographie des entreprises brésiliennes dont l’activité principale est la biotechnologie, ainsi que des entreprises qui ont développé des projets dans ce domaine (DIAS et al., 2016). Dans cette étude, 237 entreprises brésiliennes ont été cartographiées, dont 40% se trouvent dans l’Etat de Sao Paulo, la majorité étant des petites et moyennes entreprises. En ce qui concerne les activités économiques, plus de 40% de l’activité industrielle est liée à la santé humaine, suivie de la santé animale, notamment dans le développement des médicaments et de vaccins (DIAS et al., 2016).

En 2018, le plan d’action pour la science, la technologie et l’innovation dans la bioéconomie (PACTI Bioeconomy) a été lancé, valable jusqu’en 2022. Ce plan met en évidence les cinq grandes lignes thématiques qui mériteront d’être privilégiées pour relever les défis et tirer parti des opportunités qu’offre la bioéconomie nationale. Ces thèmes sont liés à la valorisation de la biomasse ; à la transformation et aux bioraffineries ; aux produits biosourcés ; à la création d’un observatoire brésilien de la bioéconomie (proposition soumise en août 2020) et d’un comité national de la bioéconomie.

En réponse au PACTI Bioeconomy, le Programme des Chaînes Productives de la Bioéconomie a été lancé fin 2020 par le MCTI avec pour objectif de promouvoir les chaînes productives de la biodiversité brésilienne. Le programme a déjà investi environ 1 million de dollars US dans des projets liés aux chaînes de production d’açai, de cupuaçu et de pirarucu dans la région amazonienne, et de Licuri dans la Caatinga.

La bioéconomie est considérée comme une bonne opportunité pour le secteur agricole brésilien d’utiliser et d’améliorer son potentiel de production de nourriture, de fibres, d’énergie et de nouveaux produits. La maîtrise biologique est un sujet largement débattu dans le secteur agricole et s’exprime de plus en plus sur le marché national en raison des exigences et des expériences internationales en matière de production alimentaire.

Du point de vue de la production d’énergie à partir de la biomasse, le Brésil a un potentiel conséquent pour être le leader du marché mondial, non seulement en matière de production d’électricité, mais surtout dans le secteur des biocarburants. L’éthanol est un biocarburant présent dans la filière énergétique avant les années 1930. Avec l’arrivée de RenovaBio, il est destiné à apportant une plus grande compétitivité au secteur sucrier-énergétique, générant des emplois et des revenus (UNICA, 2019).

Lancé en 2017, RenovaBio est un programme fédéral lancé en 2017 considéré comme la nouvelle politique nationale en matière de biocarburants, dont l’objectif est d’étendre la participation des biocarburants dans la filière des transports brésilienne, contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le pays.
Toujours dans le secteur de l’énergie, le Brésil possède le plus grand potentiel mondial de production de biogaz (et donc de biométhane), et ce potentiel est principalement lié aux secteurs du sucre-énergie, de l’agriculture et des déchets solides urbains. Pour replacer les choses dans leur contexte, le Brésil a le potentiel pour remplacer environ 40 milliards de litres de gazole par du biométhane et de produire plus de 170 000 GWh/an d’électricité à partir du biogaz (ABIOGÁS, 2020).

Il est donc clair que la capacité de production de bioénergie à bonne échelle et la multifonctionnalité de l’agriculture liée à l’abondance des ressources naturelles issues de la biodiversité font du Brésil l’un des principaux protagonistes de la bioéconomie mondiale. Selon l’Embrapa, l’une des principales tendances dans le pays est l’utilisation de la biomasse comme matière première pour le développement de bioproduits et de bio-industries, avec un potentiel d’application dans plusieurs secteurs de l’économie. (EMBRAPA, 2021).

Selon la Confédération Nationale des Industries (CNI), la perspective de la biotechnologie industrielle peut, à elle seule, rapporter 53 milliards de dollars US au PIB brésilien par an, sur un horizon de 20 ans (CNI, 2020). Selon l’Association de la Bioinnovation Brésilienne (ABBI), sur les 53 milliards de dollars US annuels, un budget de 20 milliards de dollars US est prévu pour 120 usines de production d’éthanol de deuxième génération et 33 milliards de dollars US pour des bioproduits dérivés de la cellulose (ABBI, 2016).

Il est admis que le Brésil possède la biodiversité la plus riche au monde, avec plus de 40 000 espèces végétales cartographiées et réparties dans ses différents biomes (forêt amazonienne, Cerrado, forêt atlantique, Pampa, Caatinga et Pantanal) (BNDES, 2019). Cependant, les investissements dans la recherche et des politiques plus cohérentes pour le développement de la bioéconomie brésilienne font toujours défaut.

L’importance de la bioprospection et de la cartographie des nouvelles espèces de la biodiversité brésilienne peut attirer des investissements de l’ordre de milliards. En outre, des réglementations et des normes plus appropriées à l’utilisation de la biodiversité et de la propriété intellectuelle peuvent apporter des résultats plus rapides et plus concrets. Actuellement, l’incertitude juridique fait l’objet de discussions au sein du Front Parlementaire de la Bioéconomie (lancé en 2019). Un autre sujet largement débattu au Front Parlementaire est la réglementation des intrants biologiques pour la fabrication d’engrais et de pesticides, en tenant compte de la prochaine vague dans le secteur des produits utilisés dans l’agriculture.

En mai 2020, le Programme National des Bio-Intrants, géré par le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de l’approvisionnement (MAPA) a été lancé. Le programme propose de contribuer au développement de nouvelles solutions technologiques pour les chaînes de production liées à l’agriculture, l’élevage et l’aquaculture (MAPA, 2020).

Compte tenu des innombrables opportunités que la bioéconomie peut offrir au marché brésilien, son progrès dépend toujours des améliorations du système d’innovation du pays. Cependant, la bioéconomie peut placer le Brésil à une place stratégique de l’économie mondiale, en étant un véritable protagoniste en faveur du développement durable de notre planète.

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