Ces 10 dernières années ont fait l’objet d’un nombre croissant de solutions biosourcées pour une large gamme d’applicatifs dans le secteur de la construction, de la rénovation et des travaux publics.
Le pôle IAR, en association avec le CODEM, vous a proposé le 9 juin 2020 un webinar consacré aux enjeux de la massification des solutions biosourcées dans le BTP. Le webinar a attiré plus de 100 participants.
Les échanges entre les intervenants et les participants lors de cette journée ont permis de répondre à plusieurs questions souvent posées sur les matériaux biosourcés dans le domaine du bâtiment et des travaux publics :
> Il est important de noter qu’au niveau normatif et réglementaire dans le domaine du bâtiment, il n’y a aucune distinction concernant l’origine d’une matière ou d’un matériau. La règlementation s’articule autour d’objectifs, et non de moyens : peu importe les matériaux utilisés, l’exigence reste la même pour tout matériau/produit innovant qui se positionne sur le marché du bâtiment. Ces cadres sont en effet une garantie nécessaire à l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur. Concernant les textes visant des matériaux biosourcés, il existe des DTU – document technique unifié (construction des maisons et bâtiments à ossature bois), des règles professionnelles (cas du béton de chanvre, de la construction paille), et pour les produits innovants non visés par ces textes, ces produits sont sous Appréciation Technique d’Expérimentation – ATEx ou Avis Techniques (cas des isolants biosourcés notamment).
> Pour la prise en compte de l’empreinte carbone d’un bâtiment, des travaux de modélisation sont en cours afin de décider quelle méthode sera retenue (les critères de choix étant l’impact sur le changement climatique et la représentativité).
>Afin de s’assurer de la bonne mise en œuvre d’un chantier intégrant des matériaux biosourcés, les appels d’offres intègrent la nécessité de faire appel à des entités spécialisées ou ayant déjà travaillé ce type de matériaux (architecte, bureau d’étude, maitre d’œuvre).
> Un projet soutenu par la DHUP et avec le concours collectif des filières est en cours pour une meilleure prise en compte de ces caractéristiques (comme le comportement hygrothermique) dans les futures réglementations (thermique, environnementale). Le GdR Matériaux de construction Biosourcés porte aussi une attention particulière sur ce point qui est clé pour une démocratisation de ces matériaux.
> La valeur du tampon hydrique ou MBV (“Moisture Buffer Value” en anglais) est l’un des indicateurs utilisés permettant de prouver le très bon comportement hygrométrique (les valeurs relatives aux bétons végétaux dépassant la référence de 2).
> Il est important de distinguer le gros œuvre du second œuvre en matière de fin de vie et de déconstruction, les deux n’agissant pas sur les mêmes pas de temps. Un travail de recherche est en cours pour identifier les solutions de fin de vie les plus adaptées et ainsi mieux concevoir les futurs produits (adjuvantation, système constructif).
> Concernant des bâtiments respectant la RT 2012, la construction bois se situe au même niveau de coût que la maçonnerie traditionnelle. Et plus les réglementations seront ambitieuses plus les solutions bois feront la différence avec les systèmes maçonnés. Concernant la provenance du bois, il a toujours été possible de travailler avec du bois français. A titre d’exemple, en Hauts-de-France nous construisons avec du peuplier issu de la Région (40 références). La journée a également montré que des solutions innovantes sont proposées pour compléter les multiples applications dans lesquelles on retrouve des produits biosourcés dans le domaine de la construction et des travaux publics. Les bétons végétaux existent depuis près de 30 ans. Une évolution importante des systèmes constructifs intégrant ces matières est à l’œuvre depuis quelques années. Ces évolutions vont ainsi permettre une massification de l’usage de ces matériaux. Utilisés comme agent de rhéologie dans les colles et joints à carrelage, les fibres de cellulose et ses dérivés permettent d’améliorer la mise en œuvre et l’esthétique de ces derniers (réduction du retrait, du micro-craquèlement et des coulures, meilleure maniabilité, texture optimisée). Dans le monde des mortiers, l’incorporation de granulats végétaux vient améliorer les propriétés thermiques du bâtiment en renforçant les qualités d’isolation d’une paroi. Une dynamique est également présente dans les infrastructures routières pour intégrer des matières biosourcées. Dans le cadre du recyclage d’anciennes routes et de la création d’aménagements de mobilités, l’utilisation de liants ou de résines biosourcés dans les formulations permet à la profession de réduire la consommation de ressources non renouvelables et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (avec l’abaissement de la température de fabrication). L’utilisation de fibres végétales en sous-couches routières apporte également des avantages, comme l’amélioration de la résistance mécanique et la réduction de l’épaisseur de la structure avec une économie en consommation d’autres matières (grave, enrobés). |
Retour sur le programme :
Impact des nouvelles réglementations bâtiment pour les matériaux biosourcés
Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire
Session 1 : Marché
Produits biosourcés et BTP : réalité de marchés et enjeux en matière d’innovation
Guillaume Delannoy – Adjoint Responsable Développement Industriel et Étude – CODEM
& Jean Bausset – Responsable Innovation Matériaux biosourcés – IAR
Vision des marchés et des maitres d’oeuvre
Yves Hustache – Co-fondateur / Expert R&D et innovation – Karibati
Utilisation de matériaux biosourcés dans le cadre de marchés publics – La vision d’un bailleur social
Alain LE GALL – Directeur du Développement et du Patrimoine – OPAL
Session 2 : Réglementation et assurabilité
Evaluation de l’impact environnemental des matériaux biosourcés
Thomas Peverelli – Building department manager – Evea
Accompagnement de l’innovation et assurabilité des procédés innovants
Christel Ebner – Directrice, Observatoire et Evaluation des risques – AQC /
Nadège BLANCHARD – Responsable du service ARIANE – CSTB
Session 3 : Système constructif et préfabrication
Mur préfabriqué en béton de chanvre : construction du siège de Triballat
Christophe Lubert – Gérant – LB ECO HABITAT
Blocs de béton de chanvre : la solution BIOSYS
Marco Cappellari – Responsable développement – VICAT
Evolution de la filière bois dans la construction
Alain Duriez- Prescripteur bois – Fibois Hauts-de-France
Session 4 : Mortiers et enduits
Enduit d’isolation par l’extérieur : PARNATUR, une solution de rénovation fruit d’un partenariat industriel-académique
Anne Daubresse – Responsable pole prospectives méthodes et formulation – Parex Group
& Hélène Lenormand – enseignant-chercheur – UniLasalle Rouen
Utilisation de la cellulose dans les colles et joints à carrelage
Stéphane Laurent – Innovation & Business Development Manager – JRS Rettenmaier
Session 5 : Le biosourcé appliqué aux travaux publics
Solutions biosourcées « bas carbone » pour la construction routière
Frédéric LOUP – R&D Project Manager- EIFFAGE Infrastructures
L’utilisation des fibres de chanvre en sous-couches routières
Delphin PALLU – Responsable du Service Commercial -Gatichanvre
Session 6 : Recherche appliquée à l’intégration de matériaux biosourcés dans le BTP
Présentation du GDR matériaux biosourcés
Sandrine Marceau, Chargée de Recherche – Université Gustave Eiffel