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Un climat favorable à la poussée des bioénergies

Les objectifs français et européens en matière de transition écologique ont ouvert un futur au secteur des bioénergies qui a un fort potentiel de développement et une belle carte à jouer.

Issues de la biomasse, les bioénergies sont la première source d’énergie renouvelable en France comme en Europe. Certes, le bois énergie domine le marché (près de 40 %) avec une forte pénétration du secteur résidentiel mais, derrière lui, de nouveaux systèmes énergétiques sont en plein essor. A commencer par les biocarburants qui concentrent une bonne part des dépenses publiques de R&D consacrées à la biomasse et hissent la France dans le top 5 des pays producteurs. Évitant la concurrence d’usage avec les besoins alimentaires, les biocarburants de 2e génération (biodiesel à base d’huiles alimentaires usagées, bioéthanol à base de biomasse cellulosique), sont aujourd’hui en phase de développement.

Un Comité stratégique de filière

Autre filière dynamique, la méthanisation, première pour la production de gaz renouvelable en France, permet de fabriquer le biogaz. Son gros atout : il s’obtient par valorisation des déchets et effluents agricoles, agro-alimentaires, urbains ou organiques. Son dérivé épuré, le biométhane (bioGNV), réinjectable dans les réseaux de gaz, vient compléter l’offre de biocarburants. L’hydrogène, extrait par électrolyse de l’eau ou pyrogazéification, s’avère également pertinent dans le domaine de la mobilité. Quelques réseaux de transports urbains l’ont déjà adopté. Un Comité stratégique de filière « Industries des Nouveaux Systèmes énergétiques » a été récemment créé pour assurer l’avenir de toutes ces ressources et de leurs débouchés.

En pointe sur la bioéconomie, les grandes régions agricoles que sont le Grand Est et Hauts-de-France sont très actives sur le sujet (voir encadré). « Elles ont la matière première en abondance, les entreprises et le savoir-faire pour produire, un tissu académique bien développé. Leur écosystème est propice au développement de ces nouvelles bioénergies », constate Thierry Daniel, Délégué territorial Nord-Est GRTgaz et président de la commission Bioénergies au sein du pôle IAR.

Eco-friendly

Les bioénergies ont beau être prometteuses, elles ne présentent pas toujours leur meilleur profil au grand public. La méthanisation, par exemple, n’a pas la cote auprès de la population qui se focalise sur les nuisances olfactives et sonores. « La vision négative que les gens ont de ce type d’installation vient de leur méconnaissance qui est elle-même la conséquence d’un manque de communication, estime Mouhamed Niakate, Responsable Innovation Bioénergies du pôle IAR. Il faut les informer en amont, faire preuve de pédagogie en expliquant les avantages. »

Des avantages tangibles, particulièrement prisables dans le contexte actuel : très eco-friendly, la plupart des bioénergies génèrent de faibles émissions de GES et apportent de nouvelles réponses pour la gestion des déchets ; sur le plan économique, elles sont une source de revenus complémentaires pour les agriculteurs et favorisent la création d’emplois locaux non délocalisables. Reste que ces filières qui s’appuient sur des technologies d’avenir sont jeunes. Elles sont en train de se structurer, doivent encore mettre en place des procédures d’exploitation claires, optimiser les process pour réduire les coûts de production. « Et espérer que l’Etat mette en place un cadre plus favorable, avec des taxes alourdies sur les énergies fossiles pour inciter les acteurs industriels à accompagner ce développement », ajoute Mouhamed Niakate.

Double enjeu

La crise climatique, augmentée de la crise pandémique, montre l’urgence de substituer aux énergies fossiles des énergies plus respectueuses de l’environnement mais aussi la nécessité de rapatrier les productions essentielles. Les bioénergies, renouvelables et sourcées localement, répondent à cette double exigence en pouvant contribuer au développement de l’économie circulaire et au dynamisme des territoires. Pour Thierry Daniel, « C’est une opportunité, oui, mais de la même façon qu’on accélère la transition écologique il faut maintenant accélérer l’innovation. »

C’est à quoi s’emploie le pôle IAR qui a fait des bioénergies un domaine d’activité stratégique et rassemble toute une communauté d’acteurs – représentant les mondes industriel, agricole, énergétique, académique, institutionnel – pour travailler de façon transversale à leur développement. Objectif : trouver les meilleures synergies et des nouvelles pistes de R&D qui, à partir de l’Immense réservoir d’énergie que constitue la biomasse, pourront profiter à tous les secteurs. Seule la combinaison de toutes les solutions innovantes permettra à notre pays de verdir significativement sa production énergétique et de porter la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie à 32 % minimum à l’horizon 2030 comme il s’y est engagé.

Chiffres 2017 – Source : Chiffres-clés des énergies renouvelables 2019 – Commissariat général au développement durable

Quelques projets régionaux accompagnés par IAR

Né à l’initiative de plusieurs industriels, le projet DINAMHySE Grand Est regroupe tous les acteurs du secteur hydrogène et mobilité dans l’intention de nouer entre eux un lien de filière qui débouchera sur la création de valeur autour de l’hydrogène. Quant au projet METHAGRID en Grand Est qui réunit des acteurs industriels et académiques présents dans le Grand Est, il a pour ambition d’améliorer les performances de digestion dans les unités de méthanisation, dans le cadre de la plateforme agro-industreille de Pomacle-Bazancourt. Dans cette même région, une charte a été établie pour la mise en place d’un contrat de filière biocarburants (liquides et gazeux). La thématique intéresse aussi la région Hauts-de-France où le projet Bio-T-Fuel vise à fabriquer du biofuel à partir de déchets de bois. Le CORBI (Collectif régional Biométhane injecté) développe de son côté un réseau fort en méthanisation dans les Hauts-de-France.

 

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